Journée Mondiale de lutte contre le Sida : maternité et VIH
La journée mondiale de lutte contre le Sida, instituée en 1988, fut la première journée internationale dédiée à la santé au niveau mondial.
Il convient tout d’abord de rappeler qu’un patient infecté par le virus du VIH n’est pas forcément atteint du Sida (Syndrome d’immunodéficience acquise). Il est au départ infecté par le virus du VIH, et devient séropositif mais l’infection par le Sida pourra se développer plusieurs années plus tard. Elle se caractérise par une charge virale élevée et des défenses immunitaires affaiblies permettant le développement de maladies opportunistes. Le nombre de personnes infectées par ce virus est aujourd’hui estimé à 38 millions dans le Monde.
Deux grossesses sur mille surviennent chez des femmes infectées par le VIH. Qu’en est-il de leur prise en charge, ainsi que du suivi des enfants après la naissance ?
La grossesse n’étant pas un facteur aggravant de l’évolution de l’infection par le VIH, la problématique principale est d’éviter une transmission dite « verticale » de la mère à l’enfant. Cette modalité de contamination constitue l’un des trois modes de transmission du VIH et peut se produire durant les dernières semaines de la grossesse, au moment de l’accouchement ou au cours de l’allaitement.
La possibilité de suivre une grossesse normale
Le VIH n’impactant pas la fertilité des femmes séropositives, il doit leur être reconnu le droit de mener à bien une grossesse.
L’article 8 de la Convention Européenne des Droits de l’Homme garantit ainsi le droit au respect de la vie familiale. En découle le droit à une vie familiale normale, également dégagé par le Conseil constitutionnel du dixièmealinéa de la Constitution de 1946 selon lequel « la Nation assure à l’individu et à la famille les conditions nécessaires à son développement ».
La science doit dès lors accompagner les femmes séropositives. En premier lieu, le « Treatment As Prevention »est aujourd’hui le moyen d’action prioritaire. Administré à la mère, il a pour but d’obtenir une charge virale indétectable et d’éviter ainsi la transmission du virus à l’œuf. L’aide médicale à la procréation est également possible lorsque la femme est la seule infectée dans le couple. De plus, la femme enceinte bénéficie d’un traitement antirétroviral quotidien afin de réduire le risque de transmission.
65% des transmissions mère-enfant ont lieu durant l’accouchement. Certaines solutions doivent dès lors être privilégiées afin de réduire ce risque. Dans le cas d’une charge virale faible, l’accouchement par voie basse est recommandé à moins qu’une césarienne ne soit indiquée pour une autre raison. En revanche, dans le cas d’une charge virale élevée un accouchement par césarienne diminue les risques de contamination à l’enfant.
Assurer un suivi des femmes enceintes séropositives s’avère essentiel, notamment après l’accouchement car l’allaitement maternel accroit le risque de transmission en l’absence de traitement.
Dans la grande majorité des cas, la grossesse se déroule normalement grâce aux traitements disponibles, en témoigne la naissance de seulement 0, 3% de bébés séropositifs en France.
Des disparités de prise en charge sont cependant observées selon les pays. Si la transmission périnatale du VIH est quasi nulle en France, 19% des femmes enceintes vivant avec ce virus dans le Monde n’ont pas été traitées durant leur grossesse.
A l’approche de cette journée mondiale, l’UNICEF a alerté sur le fait que la prévention et les traitements n’ont quasiment pas progressé dans le Monde ces dernières années, notamment chez les femmes enceintes. L’association évoque même une « stagnation sans précédent ».
Le suivi des enfants séropositifs
Les progrès médicaux ne permettant pas d’éviter le risque 0 concernant une contamination mère-enfant, la question de la prise en charge du VIH pédiatrique se pose.
Bien que le nombre total d’enfants vivant avec le VIH soit en diminution, un écart concernant le traitement se creuse entre enfants et adultes. Les enfants contaminés ne disposent pas d’un suivi optimal, comme l’attestent les statistiques réaccueillies par l’ONUSIDA.
En effet, 75% des adultes vivant avec le VIH disposent d’un traitement dans le monde, contre 52% d’enfants de 0 à 14 ans. Il est pourtant préconisé qu’un enfant né d’une mère séropositive suive un traitement antirétroviral jusqu’à l’âge de six semaines.
Par conséquent, l’accès à la prévention de la transmission mère-enfant constitue un enjeu important de santé publique et les dépistages doivent être encouragés. En France comme ailleurs, l’épidémie de Covid 19 a fait chuter le nombre de dépistages. D’après Santé Publique France ces derniers n’ont pas retrouvé leur niveau de 2019. Un nombre trop important de diagnostics se font à un stade avancé de l’infection, entrainant une perte de chance en termes de prise en charge et un risque de contamination élevé pour les futurs enfants.
Emilie Marchand
Master 1 – Comparative Health Law
Université Paris Cité