Journée internationale du Bonheur
« la santé comme composante du bonheur »

Chaque année, le 20 mars, les Nations Unies invitent les individus, les entreprises, les gouvernements à se joindre à la célébration de la « journée internationale du bonheur ».

Le bonheur, du latin, bonum augurium signifie : « de bon augure ». Le sens du mot nous l’indique, le bonheur laisserait place au hasard et à la chance. Mais, pour les stoïciens, l’impossibilité pour les hommes d’avoir la maîtrise de leur vie ne les empêche pas pour autant d’atteindre le bonheur.
Pour Epicure, les hommes doivent chercher la garantie d’une vie en bonne santé, synonyme de bonheur.
Aristote, lui, affirmait que le bonheur était augmenté par sa mise en commun et tendait à atteindre sa perfection dans le partage. Ainsi, le bonheur serait un sentiment qui atteindrait son paroxysme dans la collectivité.
Dans nos sociétés contemporaines le bonheur est-il un objectif individuel ou un désir collectif ?

S’il est aisé de mesurer la richesse économique d’un pays, évaluer le bonheur des populations l’est moins. En effet, les pays se comparent en termes de Produit Intérieur Brut (PIB) et cet indicateur n’est pas adapté pour une quelconque indication de bien-être.
On aurait pu compter sur l’IDH (indicateur de développement humain) mais ce dernier reste axé sur trois piliers : le PIB, l’espérance de vie et le niveau de formation.

Dans sa résolution 66/281 du 12 juillet 2012 qui proclame la journée internationale du bonheur, l’assemblée générale des Nations Unies reconnaît que le bonheur est un objectif fondamental et appelle à « une croissance économique dans une optique plus large, plus équitable et plus équilibrée, qui favorise le développement durable, l’élimination de la pauvreté, ainsi que le bonheur et le bien-être de tous les peuples ».

Cette résolution est à l’origine de la création au Bhoutan, depuis les années 1970, de l’indice du bonheur national (BNB) qui est privilégié sur la référence au produit intérieur brut (PIB).Le BNB est un indicateur qui se base sur :
● La protection de l’environnement
● La conservation et la promotion de la culture locale
● La bonne gouvernance
● Le développement économique responsable et durable

Mettre de côté la valeur ajoutée et s’attarder sur le bonheur constaté ? Cet indicateur paraît utopique mais il serait intéressant de le présenter aux sociétés capitalistes.

En cette journée internationale du bonheur, l’ONU appelle les gouvernements et organisations internationales à intégrer les dimensions du bonheur et du bien-être dans les cadres politiques.

Cette proposition paraît complexe puisque les hommes n’ont pas la même conception du bonheur, cette dernière étant forgée par l’éducation, les croyances et le parcours de vie.

Toutefois, une grande majorité pourrait admettre que le bonheur est avant tout une bonne santé et un bien-être suffisant.

D’ailleurs, l’OMS définissait le bonheur comme : « un état de complet bien-être physique, mental ou social ».

Le droit au bonheur semble presque avoir été consacré tant les textes qui le visent comme objectif sont nombreux. En effet, les différents textes nationaux ou internationaux consacrés au respect des libertés de l’homme semblent viser à garantir le bonheur, les différents appareils juridiques s’avérant protecteurs de ce bien-être et garantissant aux individus un droit à la santé.

Rappelons que ce droit est désormais un objectif à valeur constitutionnelle qui découle du préambule de la constitution de 1946 qui prévoit dans son article premier que « le droit fondamental à la protection de la santé doit être mis en œuvre par tous moyens disponibles au bénéfice de toute personne ».

Du droit à la santé, découle un éventail de droits : le Droit à un environnement naturel et professionnel sain, le Droit à la prévention, le Droit à l’égal accès aux soins.
Autant de droits que de mesures pour les garantir et on observe l’élaboration croissante de politiques visant à favoriser le bonheur et le bien-être des citoyens.

Ainsi, par exemple, la santé au travail occupe une place importante dans le champ de la santé publique, on parle même aujourd’hui du « bien-être » au travail. De même, la santé environnementale apparaît désormais comme une véritable nécessité.
Par ailleurs, le bien être est également au cœur de la politique de soins et les changements législatifs sur la fin de vie l’illustrent parfaitement, l’objectif premier étant de garantir dans les derniers instants de vie le meilleur bien être possible.

Aujourd’hui, seront donc réprimés par la loi, certains comportements qui viendraient nuire au bien être et au bonheur de l’homme.

Chaque année, l’ONU publie un rapport sur le bonheur dans le monde en prenant en compte différents indicateurs tels que le PIB par habitant, l’espérance de vie en bonne santé, la liberté, la générosité, l’absence de corruption.
En 2023, et pour la sixième année consécutive, la Finlande était à la tête de ce classement. En deuxième position, le Danemark suivi de l’Islande, d’Israël et des Pays-Bas.
Les Français semblent globalement un peu moins heureux que les populations de ces pays, puisque l’Hexagone ne se classe qu’à la 21e place.
On observe un lien étroit entre bonheur et santé puisque les pays où le niveau de bonheur est le plus élevé sont aussi ceux qui disposent de politiques publiques fortement axées sur la protection environnementale et qui garantissent un bon système de soins.
Le rapport 2024 est attendu et il sera curieux de voir si la France a évolué dans ce classement.
Cet appel au bonheur rappelle aux hommes que leur bonheur et, on l’a vu, leur santé ne sont pas à négliger. Ils doivent être encouragés à le promouvoir par tous les biais dont ils disposent et les pouvoirs publics doivent être invités à œuvrer pour que cette notion soit au cœur de leurs politiques.
« Vous cherchez le bonheur, pauvres fous ? Passez votre chemin : le bonheur n’est nulle part », affirmait Louise Michel en 1866.
Cette affirmation hautement pessimiste, voire nihiliste, n’aurait peut-être pas été prononcée face à l’appel au bonheur qui est désormais dans l’ère du temps et qui, on ose l’espérer, est pris en compte par ceux qui ont le pouvoir de contribuer à leur échelle, à l’existence et la pérennité du bonheur collectif…

Esther Bacqué
Master 2 Activités de Santé et Responsabilités,
Université Paris Cité

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