Le 8 mars a été choisie comme la Journée Internationale des droits des femmes. Cette journée est l’occasion de célébrer les progrès réalisés concernant la réduction des inégalités entre les hommes et les femmes, mais également de rappeler le chemin qu’il reste à parcourir pour une meilleure égalité.

 

Le rapport publié par le Haut Conseil à l’Égalité sur l’état du sexisme en France[1] invite à considérer les progrès à entreprendre. Il fait en effet état d’une affirmation selon laquelle « Il est normal que les femmes cuisinent tous les jours pour toute la famille ». Cette idée n’est pas extraite d’une publicité des années 1950, mais représente l’avis exprimé par 63% des hommes interrogés par le Haut Conseil à l’Égalité.

Ce rapport souligne le contraste entre une prise de conscience régulièrement accompagnée d’avancées juridiques, et l’absence de changement des mentalités. 93% des français constatent des inégalités de traitement entre les hommes et les femmes, mais 33% des hommes considèrent qu’à compétences égales, il est normal qu’un employeur embauche un homme. Ce même rapport met en lumière le ressenti des femmes, dont la moitié exprime subir un déséquilibre dans les tâches ménagères. Ces statistiques illustrent le fait que les femmes soient aujourd’hui en charge du Care au sein du foyer, qui signifie « s’occuper de » ; et implique donc une activité soucieuse non rémunérée.

 

Inégalités et santé des femmes

 

Ces inégalités ont par conséquent un impact sur la santé des femmes, et les rendent vulnérables. La progression de 5% par an des hospitalisations de femmes de plus de 45 ans pour un infarctus du myocarde peut être vue comme la conséquence d’une charge mentale accrue, les obligeant à mener à bien obligations professionnelles et familiales, en négligeant certains symptômes et retardant ainsi leur prise en charge médicale.

Il est important de souligner que les femmes sont sujettes à des risques hormonaux spécifiques, liés à une contraception inappropriée, des grossesses de plus en plus tardives, ou encore la ménopause. La médecine, historiquement concentrée sur le corps masculin, a engendré un retard de connaissances scientifiques dont les femmes pâtissent encore aujourd’hui.

 

En effet, victimes d’un manque d’information, beaucoup ne savent pas distinguer des symptômes pourtant caractéristiques d’une pathologie grave. Alors que la fatigue et des problèmes de digestion sont des symptômes spécifiques d’une crise cardiaque chez la femme, ils sont souvent confondus avec des troubles bénins de la vie quotidienne. Contrairement aux idées reçues, à âge égal les femmes présentent davantage de facteurs de risque que les hommes.

 

Il est donc essentiel de mieux comprendre les spécificités des maladies cardio-vasculaires chez les femmes, et développer la prévention afin de leur permettre de reconnaitre ces signes distinctifs et les sensibiliser à une meilleure prise en charge de leur santé.

 

Place des femmes dans la recherche et développement d’outils adaptés

 

Bien que de nombreuses femmes aient contribué aux progrès de la médecine, ce fut essentiellement dans l’ombre, celles-ci ayant même parfois été dépossédées de certaines découvertes. Ce fut le cas par exemple de Rosalind Franklin qui contribua à la découverte de la structure de l’ADN, pour laquelle James Watson, Francis Crick et Maurice Wilkins reçurent le prix Nobel de médecine après sa disparition sans que son nom ne soit mentionné.

 

Cette mise à l’écart des femmes dans le monde médical a contribué au manque de connaissances concernant les traitements adaptés. Une inégalité qui tend à être réduite aujourd’hui grâce à la féminisation des professions médicales, et au développement de technologies adaptées.

 

Les technologies dites « FemTech » sont destinées à suivre spécifiquement la santé des femmes, en prenant en compte leurs besoins et symptômes caractéristiques. Elles ont notamment pour mission d’informer les utilisatrices sur leur fertilité, leur contraception ou le suivi d’une éventuelle grossesse en mettant en lumière des sujets longtemps jugés tabous. Ces technologies permettent également aux femmes de suivre leurs menstruations, leur fertilité à l’aide d’une montre connectée ou d’être sensibilisées sur leur santé mentale. D’autres utilisations permettent de traiter des patientes ayant survécu au cancer du sein, par le développement de bio-prothèses réparatrices.

 

L’utilisation de ces outils pose néanmoins la question du traitement des données collectées, qui peuvent être utilisées par les États pour obtenir des informations intimes très complètes, comme l’avancée d’une grossesse ou son éventuelle interruption. De telles dérives ont déjà été observées aux Etats-Unis où l’avortement a été interdit dans certaines régions. Le droit doit intervenir pour encadrer cette tendance, et permettre aux entreprises de la FemTech de remplir leur objectif émancipateur initial.

 

Emilie MARCHAND

Master 1 Comparative Health Law

Université Paris Cité

 

 

 

 

 

[1] Haut Conseil à l’Égalité, 2023, Rapport sur l’état du sexisme en France